Rue du Lavoir

Voilà un nom de rue sans mystère !

Construit en 1889, le lavoir est doté d'une toiture en 1905 et fait l'objet d'une première rénovation en 1911. Il y a quelques années, il est percuté par une voiture en raison du verglas et doit subir d'importants travaux de réfection en 2012.

C'est aujourd'hui un lieu calme et paisible mais du temps où on l’appelait le doué, en patois mayennais, il a connu le bruit cadencé des battoirs des lavandières, courbées dans leurs agenouilloirs que l’on nommait aussi « carosses », sortant le linge du cuveau où il trempait dans l'eau et la cendre, avant de l'enduire de savon avec la vouillère.

Gisèle Veillard, notre doyenne de 95 ans, se souvient de quelques laveuses professionnelles qui effectuaient ce labeur pour des familles du village. Il y avait notamment Mme Janvier, Mme Blanche Dutertre et sa fille Marcelle qui fut la dernière à laver les maillots des joueurs de foot.

Quant à Alfred Burson (1906-1985), cordonnier du village, qui nous a laissé ses précieux écrits, il a été très inspiré par ces laveuses dont il gardait le souvenir :

On ne voit plus ces femmes du vieux temps
Et de douteuse renommée...
Qui nous faisaient le linge blanc
Et de lavande parfumé.
Je me souviens de ces silhouettes
Défilant le long des sentiers,
Faisant avancer leurs brouettes
Dans un bruit de silex écrasé.
Elles descendaient à la rivière,
Les pieds crispés dans les sabots,
Craignant par l’embûche d’une pierre,
Que se renverse le cuveau.
J’entends le va-et-vient sur la toile mouillée
De la brosse de crin, qui chassait en cadence
Sur le carré de hêtre, les taches savonnées
Et les livrait au flot dans une folle danse...
On soupçonnait ces filles manœuvrant le battoir
D’avoir mauvaise langue, faiseuses de cancans,
Prouvant que le voisin avait l’âme bien noire
Et qu’à frapper sa femme, il passait tout son temps.
Jacassaient-elles davantage
Que les dames de salon
Dont la vie sans ouvrage
A médire donnait le ton ?